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21 octobre 1914

 

Chers parents, je vous donne de mes nouvelles. 

Ma santé est bonne. Je vous embrasse peut-être pour la dernière fois.

Pironon Joseph, soldat (?)au dépot comun de Sens de la 31ième compagnie département Yonne.

 

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Solesmes, le 19 avril 1915

Bien chers parents

Reçu votre carte du 17 avril dont je vous remercie une chose qui me tourne est l’affaire de l’oncle Joseph. Mais malgré tout il n’y a pas lieu de s’inquiéter encore cela ne fait que 12 jours et il faut si peu de chose pour empêcher d’arriver une lettre. C’est-il donc au bois de Montmare qu’il est ? Ce n’est peut-être pas non plus à l’endroit où il s’est passé quelques rencontres ces temps-ci . Souvent les attaques portent sur une petite étendue, l’on peut en être très près sans y prendre part. J’espère qu’à cette heure tu as reçu de ses nouvelles.

Il fait beau ces jours-ci et avec quelques petites promenades les forces reviennent. Je ne suis pas fixé pour mon départ, toutefois il ne saurait tarder mais que je vous prévienne pour que vous ne comptiez pas trop sur une convalescence malgré que vous l’ait écrit le major. D’après ce qui c’est passée pour les 2 derniers convois de partants tous ceux qui avaient eu bronchites ou pleurésies n’ont eu que 7 jours. Il n’y a que les convalescents de typhoïde qui ont eu une convalescence et ce sont ceux qui en ont le moins besoin que voulez-vous.

Toutefois il ne faut pas désespérer complètement, sil ne dépendait que du major je sais que j’aurai la convalescence mais cela ne dépend pas de lui, il faut passer une visite au Mans et c’est ce qui décide. Peut-être le major l’arrangera-t-il, je ne le sais, en tous cas n’y comptez pas trop mais sans désespérer ; j’aurai toujours mes 7 jours. Le jeune homme dont je t’avais parlé de Saint Eloy est parti la semaine dernière le major avait dit qu’il aurait 2 mois ainsi qu’à bien d’autres et ils n’ont eu que 7 jours. Le major s’en est trouvé un peu affecté et il nous a dit que ce n’était pas suffisant. En même temps qu’à toi, je vais écrire à Louis.

Plus rien de nouveau à vous dire si ce n’est que je vous embrasse bien tendrement.

Votre fils qui vous aime.

Léon

A bientôt

Joseph Pironon disparait  le 6 avril 1915, tué face à l'ennemi dans le bois de Mort Mare.

Son neveu Léon, alors en convalescence à Solesmes ( Sarthe) écrit à sa famille

pour les rassurer de ne pas avoir de nouvelles, quelques jours après la disparition de son oncle.

Lettre du 27 avril / Solesmes (tampon de date sur l’enveloppe)

J’ai reçu votre lettre, elle était attendue avec impatience. Combien je suis touché et peiné de ce qui arrive à l’oncle Joseph, mais il n’y a pas lieu de désespérer encore. Tant de choses invraisemblables arrivent durant cette terrible guerre qu’il faut garder plein d’espoir. S’il n’était que prisonnier sans blessures, avec quelques petites privations il s’en tirerait  bien…

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